Centre de tri
& de recyclage
Maître d'Ouvrage : Sanuva
Assistance à la Maîtrise d’ouvrage :
Architecte: Odile Vandermeeren -ARCHISANAT
Architecte associée : Moïra Hindriks
Lieu : Bamako - Mali
Programme : hall industriel
Surface couverte : 2400 m2
Année : 2020
Architecture : Bio-climatique et biodiversifiée
Techniques : Toiture acier-paille
Matériaux : terre crue, pierres, chaume
“Rien ne se perd,rien ne se crée,
Tout se transforme”
Traité élémentaire de chimie
A.Lavoisier (1789)
Diagnostic
L’urgence d’agir
Les déchets au Mali sont devenus une véritable source de pollution et un problème de santé publique. Ce constat est encore plus criant à Bamako, la capitale. Le fleuve est la vie. Ce fleuve charrie chaque jour des milliers de tonnes de bouteilles en plastique et autres résidus générés par la ville. Les industries y déversent leur déchets et leurs produits toxiques. Le fleuve de Bamako, le fleuve Niger crie à l’aide et menace d’être le vecteur de maladies et de problème de salubrité.
L’économie circulaire et le recyclage des déchets est un secteur industriel sur lequel il est possible de développer un véritable business plan et de générer des sources d’emplois et de revenus. En plus de répondre à une urgence, c’est donc un secteur viable et dynamisant pour l’économie locale.
Construire et s’équiper
La création de structure adéquate, de performance industrielle, répondant aux normes d’hygiène, de travail et de productivité est une nécessité face aux volumes de déchets à traiter.
Recycler,
le cycle de la terre
Le projet proposé est conçu en cohérence avec la philosophie et les principes fondateurs de l’entreprise SANUVA.
Construire en terre et en matériaux naturels peu transformés, c’est s’inscrire dans le cycle de la vie. C’est découvrir l’économie circulaire au sein du secteur de la construction.
Nous venons de la terre et nous retournerons à la terre.
De plus, de nombreux produits recyclés seront utilisés dans la construction du bâtiment : profilés pour mobilier en plastique recyclés, utilisables également pour les portes. Recyclage du tissus dans l’isolation des bâtiments.
Un projet de grandes toitures
L’organisation d’une concession à l’échelle industrielle
Structuration de l’espace et articulation
A l’image de la concession, l’espace est organisé et hiérarchisé. Le site est réfléchi en plusieurs zones : la zone industrielle à proprement dit; la zone tertiaire accueillant les bureaux et autres salles de conférences ; la zone de repos; les aménagements paysagers qui participent à la délimitation et à l’installation du projet sur le site.
Les murs et les murets ponctuent et dessinent les différentes zones. La création de ces limites périphériques mais aussi de ces rythmes intérieurs permet de planter le long de ces murets, de planter des arbres mais aussi des céréales et des plantes grasses, ce qui permettra de freiner la vitesse du vent et également éviter que les déchets ne s’envolent. Cela favorisera aussi le bioclimatisme sur la parcelle. Les nombreuses plantations donneront de l’ombre, freineront le vent et la poussière. Le soin apporté ces aspects générera un cadre de travail idéal.
Un schéma directeur à 2 entrées
Le projet est constitué de 2 pôles principaux,liés à l’intensité et au type d’activités.
La partie industrielle comprenant l’atelier de tri des déchets,et plus tard,les ateliers de transformation et de revalorisation des déchets.
La partie bureaux,comprenant les zones d’accueil,les bureaux,et autres services.Cette partie accueille également les résidences d’artistes et workshop,hall d’exposition ,de démonstrations.
Le schéma directeur traduit cette organisation en 2 zones distinctes mais communicantes
et surtout en 2 accès distincts:
-un accès public, vers les bureaux
-un accès industriel, vers la zone de tri, pour les camions et les charrettes
Le pôle industriel a été mis intentionnellement au Sud-Ouest du projet : en effet, la direction principale du vent au Mali,lors des fortes pluies en particulier, est d’Est en Ouest. Ce vent peut charrier des odeurs aussi bien que des déchets. Raison pour laquelle la zone de traitement des déchets est situé de cette façon par rapport au bâtiment accueillant les
bureaux,et également raison pour laquelle les abords des halls sont renforcés par des épaisseurs de végétation et de murs au Sud-Ouest : il s’agit également de ne pas laisser porter les odeurs et les déchets vers les parcelles avoisinantes.
Un projet Bioclimatique
La place de l’arbre, du compost et du sorgo
Là où l’on creuse, on peut planter un arbre. La zone centrale, entre les 2 hall, tant qu’elle n’est pas investie, est la zone tampon, la zone où l’on creuse pour chercher la terre de construction et confectionner les briques. Cela devient alors une zone plantée de nombreux arbres, au creux des carrières provisoires, servant également de zone de compostage.
Tout en périphérie du terre, le long du mur de clôture est prévue une bande de plantations également.
Le long des murets se sont des plantes céréalières telles que le sorgo qui sont plantées. Plantes à mi-hauteur,elle laisse passer la vue mais forme de belles barrières végétales, pour lutter contre la propagation des odeurs et des bruits. De plus, elles sont la ressource première constituant la couverture des toitures. Les toitures en paille, lorsqu’elles sont assez épaisses, comme ici sur 40 cm minimum, que la pente respecte une inclinaison de 30°,ne nécessite que peu d’entretien et quelques réparations pendant une dizaine d’années.
C’est donc un matériau durable, écologique, recyclable, facile d’entretien, et qui peut impliquer la population locale dans sa mise en œuvre.
Le vent, la pluie et le soleil
Le projet est orienté Nord-Sud, afin de présenter les larges bords aux faces les moins ensoleillées, évitant ainsi la surchauffe : au Nord, une lumière constante, au Sud, un soleil au zénith.
Les façades Est et Ouest sont protégées par une toiture qui descend très amplement, pour éviter la lumière rasante et la surchauffe.
Sur tout le périmètre des Hall industriel sont aménagés de bacs en pierre pour accueillir les plantes grimpantes. Celles-ci vont compléter la protection contre le soleil et contre la pluie, tout en tamisant et laissant la luminosité suffisante dans les espaces de travail. Ces bacs à plantes permettent également de récolter les eaux de pluies en provenance des grandes toitures.
Autonomie énergétique
Le projet est équipé d'un forage et d'un château d'eau, de panneaux solaires, de luminaires solaires, d'une éolienne. Ces choix permettent une casi autonomie énergétique. Des générateurs seront nécessaires, mais leur taille sera limitée et ils ne seront utilisés qu'en dernier recours.
De plus, l'utilisation des murs épais en terre pour les bureaux, favorise l'inertie et la protection thermique : le refroidissement accumulé la nuit dans les murs en terre, et accumulé à l'occasion par un système de climatisation, restera de longues heures, avec un lent déphasage et réchauffement. Cela signifie que ces masses jouent un rôle de régulation et limitent les quantités d'énergies nécessaires afin d'atteindre un confort intérieur de travail.
Dialogue avec les typologies locales
Un clin d’œil attend les artistes et étudiants venant loger sur le site pour effectuer une résidence de recherche sur les déchets ,les matériaux, les questions environnementales et de ressources : leurs loges sont inspirées de la tradition des greniers à grain au Sahel. La forme ronde incite au repos.
La technique utilisée est différente des autres techniques utilisées pour les bâtiments des bureaux construits en maçonnerie : il s'agit ici de partir sur une structure légère en forme de boule, faites de panneaux tissés de fibres et de tiges céréalières; ce support est finalement enduits de terre. Les logements seront sur pilotis de pierre, favorisant l'aération circulant par dessous.
Fonctionnalité et phasage
Le projet distingue 4 pôles:
Pôle de tri
Pôle tertiaire
Pôle de repos
Pôle de transformation
Techniques constructives et matérialité
Les portiques avec treillis métalliques assurent un franchissement d’une vingtaine de mètres,dégageant un espace couvert spacieux et flexible pour tout aménagement intérieur. La structure en contre-ventée par des tubes en diagonale entre chaque portique. Les portiques sont ancrés dans les murets périphériques en béton cyclopéen.
La terre, la latérite rouge, la paille compressée, les briques d’adobe, le grès du Mali, les briques de latérites et les pierres de Lassa seront les matériaux locaux utilisés, mariés aux halls industriels.